Damien BRASSAC

“ Le risque chimique et environnemental, j'en ai fait ma spécialité ! ”

Nous avons tous en tête l'image du pompier qui part en intervention au secours de la population. Damien Brassac en est le parfait exemple. Qu'il intervienne en tant que pompier volontaire du Centre de Secours d'Orthez ou comme professionnel sur un site industriel, pour lui, l'enjeu est le même. À 42 ans, ce sapeur-pompier industriel chevronné fait partie de la cellule d'intervention du risque chimique et environnemental du bassin de Lacq. Damien Brassac nous explique en quoi ça consiste.

Quand l'alarme résonne, existe-t-il une différence entre une caserne de pompier industrielle et une caserne de pompier municipale?

Vous savez que j'intervienne comme pompier rattaché au centre de secours d'Orthez ou comme pompier industriel, l'énergie que je mets à défendre les personnes et les biens est la même : on est pompier et c'est tout ! Je suis certain que mes collègues vous diraient la même chose. Nous sommes nombreux au centre de sécurité de Lacq à être également volontaires au sein de centres de secours proches de chez nous.
Dans les deux cas, il arrive que les moyens traditionnels des sapeurs-pompiers ne suffisent pas pour maîtriser des événements particuliers. Face à des produits dangereux ou inconnus, on a besoin de secouristes spécialisés : c'est là que ma formation en risques chimiques et environnementaux est utile. Elle me sert que je sois sur le bassin de Lacq ou ailleurs.

Cette formation spécifique aux risques chimiques complète celle que vous aviez déjà en tant que pompier industriel. À quel type d'intervention vous prépare-t-elle ?

Feux chimiques, fuites toxiques, nappes de polluants dans les effluents (eaux usées) industriels ...voici quelques-unes des missions pour lesquelles nous sommes entraînés.

Les incidents susceptibles de se produire sur notre site qui regroupe pas moins de 18 industriels sont très variés et présentent des risques potentiels. Pour y faire face, nous sommes 28 pompiers professionnels mobilisés.
J'ai connu d'autres configurations lorsque j'ai débuté ma carrière dans un labo pharmaceutique à l'autre bout de la France. Le choix avait été fait de s'appuyer sur des pompiers bénévoles qui occupaient un tout autre poste au quotidien. Pour ma part, j'étais opérateur pour le laboratoire pharmaceutique et, en même temps, pompier industriel volontaire. Je me tenais donc prêt à quitter mon poste pour intervenir en cas de déclenchement d'alerte dans nos locaux.

Le dispositif de sécurité mis en place sur le bassin de Lacq est d'un tout autre ordre. Ici, nous sommes une équipe de sapeurs-pompiers exclusivement professionnelle, entièrement dédiée aux plateformes industrielles. Cela nous permet de réaliser de nombreux exercices d'entraînement chaque année. Par exemple, à fin 2020, nous avons prévu d'avoir réalisé 24 exercices.

Comment se déroule un exercice aux risques chimiques ?

En cas d'alerte, dès notre arrivée sur le lieu du sinistre, nous devons mettre en évidence le risque, identifier le danger et surtout limiter son effet.
Pour ça, nous disposons d'équipements très spécifiques : scaphandres d'interventions munis de bouteilles d'oxygène, appareils d'analyse de l'air instantanée, matériel de décontamination et bien sûr des véhicules spécifiques. En apparence, nos camions ressemblent à n'importe quel camion de pompiers, mais en réalité, tout est dans le détail de leurs aménagements. On ne traite pas un feu chimique de la même manière qu'un feu classique.

Si le risque principal est généralement l'incendie, il est très important de traiter le risque de rejets. Dans ce cas, nous disposons d'équipements permettant de colmater une fuite et d'empêcher les polluants de se répandre dans l'air ou dans les effluents.

Au delà de ces missions industrielles, l'équipe de spécialistes des risques chimiques et environnementaux de Lacq peut être appelée par le SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) sur des accidents de la route tels qu'un camion citerne chargé de substances dangereuses et couché sur la route ou un départ de feu dans des entreprises à risque chimique dans les Pyrénées-Atlantiques.

Quelle est la partie de votre métier qui est la plus intéressante ?

Au risque de vous surprendre, c'est la partie prévention : un domaine finalement assez peu connu de notre métier. Une large partie de notre mission consiste à sensibiliser les salariés aux consignes internes de sécurité. Les exercices d'entraînement sont pour nous l'occasion de rencontrer les équipes HSE de chaque industriel, de rappeler les gestes sécurité et de mener des visites préparatoires puis de débriefing sur site. Nous sommes là pour amener chaque salarié à prendre conscience que la sécurité de tous repose sur chacun de nous.

Photos

Damien BRASSAC

Chef de quart Sécurité
Plateforme Induslacq

Découvrez
Tous nos témoignages